Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/113

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indifférence qu’elle y procède chaque jour… qu’elle tolère la propagation, mais qu’il s’en faut bien qu’elle soit dans ses vues : qu’elle veut bien que nous multiplions, mais que ne gagnant pas plus à l’un de ces actes qu’à celui qui s’y oppose, le choix que nous pouvons faire, lui est égal ; que, nous laissant les maîtres de créer, de ne point créer ou de détruire, nous ne la contenterons, ni ne l’offenserons pas davantage, en prenant dans l’un ou l’autre de ces partis celui qui nous conviendra le mieux ; et que celui que nous choisirons, n’étant que le résultat de sa puissance ou de son action sur nous, il lui plaira toujours, et ne l’offensera jamais. Ah ! crois-le, ma chère Justine, la nature s’inquiète bien peu de ces minuties, dont nous avons l’extravagance de lui composer un culte, et se jouant de nos petites loix, de nos petites combinaisons, elle marche d’un pas rapide à son but, en prouvant chaque jour à ceux qui l’étudient, qu’elle ne crée que pour détruire ; et que la destruction, la première de toutes ses loix, puisqu’elle ne parviendrait à aucune création sans elle, lui plait bien plus que la propagation, qu’une secte de philosophes grecs appelaient, avec beaucoup de raison,