Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le résultat des meurtres. Sois donc bien persuadée, mon enfant, que quelque soit le temple où l’on sacrifie, dès que la nature permet que l’encens s’y brûle, c’est que l’hommage ne l’offense pas ; que le refus de produire, les pertes de la semence qui sert à la production, l’extinction de cette semence, quand elle a germé, l’anéantissement de ce germe long-tems même après sa formation, la destruction de ce même germe, parvenue à sa plus extrême maturité, celle de tous les hommes, en un mot, oui, Justine, sois-en bien convaincue, tout cela sont des crimes imaginaires qui n’intéressent en rien la nature, et dont elle se joue, comme de nos autres institutions qui l’outragent au lieu de la servir. Tu me parles maintenant d’un Dieu qui punit autrefois ces voluptueuses erreurs sur de misérables bourgades d’Arabie que jamais aucun géographe ne connut ; ici d’abord il faudrait commencer par adopter l’existence d’un Dieu, et c’est ce dont je suis bien loin, ma chère ; admettre ensuite, que ce Dieu que vous supposeriez le maître et le créateur de l’Univers, ait pu s’abaisser, au point d’aller vérifier, si c’est dans un con ou dans un cul, que les hommes introduisent leurs vits ; quelle peti-