Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/131

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est utile au plan général, comme celle de la prospérité qui l’écrase : telle est la vérité qui doit étouffer le remord dans l’ame du scélérat et du malfaiteur. Qu’ils ne se contraignent donc pas ; qu’ils se livrent aveuglément à toutes les lésions dont les vues politiques de la nature suggèrent les idées en eux ; c’est la seule façon dont cette mère universelle sait nous rendre les agens de ses loix. Quand ses inspirations secrètes nous disposent au mal, c’est que le mal lui est nécessaire ; c’est qu’elle le veut, c’est qu’elle en a besoin ; c’est que la somme des crimes étant incomplète… insuffisante aux loix de l’équilibre, seules loix dont elle soit régie, elle exige ceux-là de plus au complément de la balance. Qu’il ne s’effraie donc ni ne s’arrête, celui dont l’ame est portée au mal ; qu’il le commette sans crainte, dès qu’il en a senti l’impulsion ; ce n’est qu’en y résistant qu’il outragerait la nature. Mais, puisque vous revenez encore une fois, Justine, sur les phantômes déïfiques, et sur le culte que vous imaginez leur être dû, apprennez, jeune innocente, que cette religion sur laquelle vous vous appuyez follement sans cesse, n’étant que le rapport de l’homme à Dieu, que l’hommage que la créature croit devoir à son au-