Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/149

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en lui la multitude des mouvemens divers dont il était à-la-fois remué, cette reconnaissance très-réelle et sur laquelle il n’en imposait nullement, cette gratitude qu’il devait jouer au moins s’il ne la ressentait pas, tous ces sentimens l’agitaient au point qu’à peine il pouvait prononcer un seul mot : eh quoi ! disent quelques-uns de nos lecteurs, cet homme n’était pas d’avance pénétré de la plus sincère amitié pour une telle bienfaitrice, il pouvait penser à autre chose qu’à se prosterner à ses genoux ?… Eh bien, osons donc le confier ici tout bas : Saint-Florent, bien plus fait pour rester avec cette troupe infâme que pour en être retiré par les mains même de la vertu, n’était guères digne de tous les secours que lui procurait, avec tant de zèle, sa vertueuse et charmante nièce ; et nous craignons bien que la suite n’apprenne que, si Justine échappait à un danger en se débarrassant de la Dubois et de ses compagnons ce n’était que pour tomber peut-être dans un plus réel, en se livrant à son cher oncle… Oh Dieu ! après d’aussi grands services !… Eh ! n’est-il pas des ames assez dépravées pour n’être contenues par aucune espèce de frein, et pour qui la multiplicité des entraves