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matin est à la fleur desséchée de la veille, par les feux brûlans de l’astre du jour. Justine se jette en larmes aux genoux de celui qui paraît la protéger ; elle jure d’être soumise et de se bien conduire ; mais le barbare Bressac, aussi insensible à la joie qu’à la douleur de cette chère enfant, lui dit durement… nous verrons ; et l’on marche.

Jasmin et son maître causaient bas ensemble ; Justine les suivait humblement, sans dire un mot. Cinq quarts-d’heure suffirent à les rendre au château de madame de Bressac, dont le luxe et la magnificence firent voir à Justine que, quelque put être le poste qui lui fut destiné dans cette maison, il ne pouvait sûrement qu’être avantageux pour elle, si la main mal-faisante qui ne cessait de la tourmenter, ne venait encore troubler ici les apparences flatteuses qui paraissaient s’offrir à ses yeux.

Une demie-heure après son arrivée, le jeune homme la présente à sa mère.

Madame de Bressac était une femme de quarante-cinq ans, belle encore, honnête, sensible, mais d’une étonnante sévérité de mœurs ; orgueilleuse de n’avoir jamais fait un faux pas de sa vie, elle ne pardonnait pas