Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/178

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trop de rigueur ; il en résultait que le jeune homme, plus enflammé par les effets même de cette sévérité, ne se livrait à ses goûts qu’avec une plus grande impétuosité, et que la pauvre dame ne recueillait de ses persécutions, qu’une dose de haine infiniment plus forte.

Ne vous imaginez pas, disait un jour Bressac à Justine, que ce soit d’elle-même que ma mère agisse dans tout ce qui vous concerne ; croyez que si je ne la persécutais pas à tout instant, elle se rappelerait à peine les soins qu’elle vous a promis ; elle vous fait valoir tous ses pas, tandis qu’ils ne sont que mon seul ouvrage ; oui, Justine, à moi seul est due cette reconnaissance que vous prodiguez à ma mère ; et celle que j’exige de vous, doit vous paraître d’autant plus désintéressée, que, quelque jeune et jolie que vous puissiez être, vous savez bien que je ne prétends point à vos faveurs ; non, chère fille, non ; doué du plus profond mépris pour tout ce qu’on peut obtenir d’une femme… pour son personnel même, les services que je vous demande, sont d’un tout autre genre, et quand vous serez bien convaincue de ce que j’ai fait pour votre tranquillité, j’espère que je trouverai