Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/237

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qui ne tienne de la nature toute la puissance, toutes les facultés dont il jouit ; il n’en est aucun qui, par une action quel qu’étendue qu’elle soit, quelqu’irrégulière qu’elle paraisse, puisse empiéter sur les plans de la nature, puisse troubler l’ordre de l’univers : les opérations de ce scélérat sont l’ouvrage de la nature, comme la chaîne des évènemens qu’il croit déranger ; et quelque soit le principe qui le fasse agir, nous pouvons, par cette raison même, le regarder comme celui que la nature favorise davantage. Rien de ce qui met nos forces en activité ne saurait outrager celle de qui nous tenons ces forces, parce qu’il n’est ni présumable, ni possible qu’elle nous en ait donné au-delà de ce qui peut la servir ; certes, nous n’avons sûrement pas reçu d’elle la dose nécessaire à lui nuire. Quand l’individu que j’aurai désorganisé sera mort, les élémens qui le forment ne tiendront-ils pas toujours leur place dans l’univers, et ne seront-ils pas tout aussi utiles dans la grande machine, que lorsqu’ils composaient l’être que j’ai détruit. Que cet homme soit mort ou qu’il soit vivant, rien ne change dans l’univers, rien n’en est distrait. C’est donc un véritable blasphême que d’oser dire