Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/250

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la vertu ; viens, tu es un ange, je ne sais à quoi il tient que tu ne me fasses à l’instant changer de goût ; effectivement Bressac animé, bien plus par la certitude actuelle de son projet que par les attraits de Justine, la jette à plat-ventre sur un lit, la trousse jusqu’au dessus des reins malgré ses défenses, et dit… « Oui, foutre, voilà le plus beau cul du monde ; mais malheureusement un con se trouve-là : quel obstacle invincible !… » et la recouvrant, viens Justine, convenons de nos faits, en t’écoutant l’illusion se soutient, elle se détruit quand je te vois ; et continuant de bander, d’obliger même Justine à presser son vit… à le baloter dans ses jolis doigts, ma courageuse amie, lui dit-il, tu empoisonneras donc ma mère, je puis y compter ; tiens, voilà le venin subtil que tu jetteras dans l’eau de tilleul qu’elle prend chaque matin pour sa santé ; il est infaillible et n’a nul goût ; j’en ai fait mille expériences… — Mille, monsieur ? — Oh ! oui, Justine, je me sers souvent de ces moyens-là, ou pour me débarrasser de ceux qui me gênent, ou par unique lubricité ; je trouve qu’il est délicieux d’être traîtreusement ainsi le maître de la vie des autres, et j’ai bien souvent fait des proscriptions dans