Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nullement, venait de lui laisser cinquante mille écus de rente. Oh ciel ! se dit Justine en apprenant cette nouvelle, est-ce donc ainsi que la main de l’Etre-Suprême punit le complot du forfait ?… et se repentant bientôt de ce blasphême envers la Providence, elle se jette à genoux, implore son pardon, et se flatte que cet évènement inattendu va du moins changer les projets de Bressac : quelle était son erreur ! Oh ! ma chère Justine, s’écrie-t-il, en accourant le même soir dans sa chambre, comme les prospérités pleuvent sur moi ! Je te l’ai dit souvent, l’idée d’un crime ou son exécution sont les plus sûrs moyens d’attirer le bonheur ; il n’en est plus que pour les scélérats. Eh, quoi ! monsieur, répondit Justine, cette fortune sur laquelle vous ne comptiez pas… la main qui vous la donne… oui, monsieur, madame m’a tout dit, sans elle votre oncle disposait ailleurs de son bien ; vous le savez, il ne vous aimait pas ; ce n’est qu’à madame votre mère que vous devez cette dernière disposition ; elle seule l’a contraint à la signer… et votre ingratitude… Tu me fais rire, interrompt Bressac ; que signifie donc cette reconnaissance que tu m’imposes ? en vérité, rien n’est aussi plaisant ; eh, quoi ?