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leurs penchans sont les mêmes, ils se servent si bien l’un et l’autre, qu’il n’est pas une fille que Rodin ne donne à sa sœur, et pas un garçon que celle-ci ne fournisse à son frère. Et les suites de cette abominable intrigue, dit Justine, établissent sans doute entre eux l’inceste le plus effrayant. Plût au ciel qu’ils en restassent là, dit Rosalie ! — Dieu ! tu m’effrayes. — Tu sauras tout, mon ange, reprit l’aimable fille de Rodin… oui, je t’apprendrai tout. Viens, suis-moi, nous sommes à vendredi, c’est précisément un des jours où l’instituteur corrige les coupables ; telle est la source des plaisirs de Rodin ; c’est en infligeant ces tourmens qu’il se délecte ; suis-moi, te dis-je, tu vas voir comment il opère ; on peut tout observer du cabinet de ma chambre, voisin de ses expéditions ; rendons-nous-y sans bruit, et garde-toi sur-tout de jamais ouvrir la bouche de tout ce que je te dis et de tout ce que je te fais voir.

Il était important pour Justine de connaître les mœurs du nouveau personnage qui lui offrait un asyle, elle le sentit ; et ne voulant rien négliger de tout ce qui pouvait les lui dévoiler, elle suit les pas de Rosalie, qui la place près d’une cloison assez mal jointe,