Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/282

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Cela est impossible, reprit Rosalie ; sa profession lui donne le droit de fermer ses portes ; cette maison est comme un couvent. Une évasion, en te faisant traiter de séductrice ou de voleuse, pourrait te conduire à Bicêtre ; prends patience, ma chère, c’est le plus court ; et le bruit que nos deux espions entendirent les obligea de se remettre au trou. Célestine amenait avec elle une jeune fille de quatorze ans, blonde et jolie comme l’amour : la pauvre enfant, toute en larmes, trop malheureusement au fait de ce qui l’attend, n’approche qu’en gémissant son dur instituteur ; elle se jette à ses pieds, elle implore sa grace ; mais Rodin, inflexible, allume, dans cette sévérité même, les premières étincelles de son plaisir ; elles jaillissent déjà de son cœur par ses regards farouches. Oh ! non, s’écrie-t-il, non, non, voilà trop de fois que cela vous arrive, Julie ; je me repends de mes bontés, elles n’ont servi qu’à vous plonger dans de nouvelles fautes ; la gravité de celle-ci, d’ailleurs, pourrait-elle me permettre la clémence, à supposer que je le voulusse ? Gardez-vous-en, mon frère, s’écrie Célestine, ce serait encourager cette fille au mal ; l’exemple en serait pernicieux dans la mai-