Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/328

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chez cette aimable enfant, complotta bientôt contre ses charmes d’une manière plus certaine et plus décidée qu’il ne l’avait fait jusqu’alors. Oh Dieu ! ma sœur, s’écria-t-il, en revoyant Célestine, au retour de l’une de ces expéditions ; oh ! juste ciel ! tu n’as pas d’idée des divins appas de cette fille ; non, il n’est rien ici qui la vaille ; il n’est pas un seul cul qui ressemble au sien… Justine me tourne la tête… elle me met hors de moi ; il faut que je l’aie, ma sœur ; il faut que j’en jouisse, à tel prix que ce puisse être ; essaie, tente, promets, séduits, mais triomphe, ou la rage, remplaçant dans mon cœur le sentiment que Justine y fait naître, me portera peut-être à des excès… dont tu sais que je suis capable, quand les difficultés me maîtrisent.

Célestine mit tout en usage ; quinze jours entiers s’employèrent à ces séductions, sans que la Sirène en recueillît d’autres certitudes que celle de voir avorter tous ses plans.

Certes, disait-elle un jour à Justine, tu es bien dupe de préférer au bonheur certain qui t’attend le systême idéal de sagesse que nourrit ton extravagance. Comment, avec l’esprit que je te connais, peux-tu imaginer que cette pureté de mœurs dont tu fais