Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/67

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faisait bien pis ; mais, toi, ma chère Justine, je te respecte, tu es vertueuse, cela m’en impose. — Eh ! que faisait-elle donc, celle qui était avant moi ? — La même chose avec sa langue. — Ah ! madame. — Oui, je sens bien que c’est dur ; voilà où nous conduisent le luxe, la mollesse, et l’oubli de tous les devoirs sociaux ; quand on en est là, on s’accoutume à ne regarder tout ce qui nous entoure que comme des objets faits pour nous être asservis… Un grand nom, cent mille livres de rente, de la considération, du crédit ; voilà ce qui nous mène à ces derniers degrés de la corruption réfléchie : mais je me corrige, ma chère, je me convertis, en honneur, et ton sublime exemple va consolider le miracle. Vous serez nourrie, Justine vous mangerez avec mes femmes, et vous gagnerez cent écus par an ; cela vous arrange-t-il ? Hélas ! madame, dit Justine, l’infortune ne marchande jamais ; tous les secours qui lui sont offerts lui conviennent ; mais sa reconnaissance se proportionne et à l’espèce des services qu’on lui rend, et à la manière dont ils sont rendus. On ! vous serez contente de tout cela, Justine, je vous le promets, répondit Delmonse ; il n’y a que