Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/316

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me. Si elle dit un mot, cet époux peut être exécuté demain ; mais comme elle l’adore, elle se gardera bien de prononcer ce mot. Elle a un enfant qu’elle idolâtre ; je veux la faire renoncer à tout ; je veux foutre la femme, faire rouer le mari, et envoyer l’enfant à l’hôpital. Il y a deux mois que je travaille à cette opération, et n’ai pu rien obtenir encore sur l’amour et sur la vertu de cette jeune femme : tu vas voir comme elle est jolie ; je veux que tu m’aides à la séduire : voici le fait. Un meurtre a été commis dans sa maison ; elle y était seule avec l’homme assassiné, son mari et un autre homme ; elle devient témoin nécessaire : l’homme a déposé contre le mari ; mais il faut le témoignage de la femme, puisqu’elle était seule en ce moment à la maison, — Scélérat, c’est toi qui as conduit toute cette trame ; tu as fait tuer l’homme par le témoin que tu as séduit, et qui a déposé que c’était l’époux ; tu veux que la femme en dise autant, et pour le plaisir de posséder cette femme, et pour celui plus piquant encore, de l’avoir rendue l’assassin de son mari. — Oh, Juliette ! comme tu me connais… Oui, tu as raison,