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honneur et sa tranquillité dans la conduite d’une femme.

L’honneur ! et comment un autre être que nous, peut-il donc disposer de nôtre honneur ? Ne serait-ce pas ici un moyen adroit que les hommes auraient employé pour obtenir davantage de leurs femmes, pour les enchaîner plus fortement à eux ? Eh quoi ! il sera permis à cet homme injuste de se livrer lui-même à toutes les débauches qui lui plairont, sans entamer cet honneur frivole ; et cette femme qu’il néglige, cette femme vive et ardente dont il ne contente pas le quart des desirs, le déshonore en ayant recours à un autre ; mais ceci est positivement le même genre de folie que celui de ce peuple, où le mari se met au lit quand la femme accouche. Persuadons-nous donc que notre honneur est à nous, qu’il ne peut jamais dépendre de personne, et qu’il y a de l’extravagance à imaginer que jamais les fautes des autres puissent y donner la moindre atteinte.

Si donc il devient absurde d’imaginer qu’il puisse résulter pour un homme du déshonneur de la conduite de sa femme, quel autre chagrin pouvez-vous prouver qu’il