Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/164

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une fille peut-elle faire à la nature, que de garder en pure perte, et malgré tout ce qui peut en résulter de dangereux pour elle, une virginité chimérique, dont toute la valeur ne consiste que dans le préjugé le plus absurde et le plus imbécille. Foutez, mes amies, je vous le répète, narguez effrontément les conseils de ceux qui veulent vous captiver sous les fers despotiques d’une vertu qui n’est bonne à rien. Abjurez à jamais toute pudeur et toute retenue ; pressez-vous de foutre, il n’est qu’un âge pour décharger, profitez-en ; si vous laissez flétrir les roses, vous vous préparerez des regrets bien amers, et quand, peut-être encore avec le desir de les effeuiller, vous ne trouverez plus d’amans qui en veuillent, vous ne vous consolerez pas alors d’avoir perdu les instans de les présenter à l’amour ; mais, vous dit-on, une telle fille se rend infâme, et le poids de cette infamie est insupportable. Quelle objection ! osons le dire, c’est le préjugé seul qui fait l’infamie ; que d’actions passent pour telles, et qui n’ont cependant que le préjugé pour base de cette opinion sur leur compte. Les vices du vol, de la sodomie,