Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/168

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se métamorphoseront en voluptés, et qu’alors bien loin d’en éviter les blessures, elle enfoncera d’elle-même les dards, elle doublera la recherche des choses qui pourront les mieux introduire, et poussera bientôt l’égarement de l’esprit sur ce point, jusqu’à desirer de mettre sa turpitude à découvert ; observez-la, cette délicieuse coquine, elle voudrait se libertiner aux yeux du monde entier, la honte ne lui fait plus rien, elle la brave, elle ne se plaint plus que du peu de témoins de ses erreurs ; et ce qu’il y a de singulier, ce n’est que de cette époque qu’elle connaît vraiment le plaisir, enveloppée jusques là pour elle dans le nuage de ses préjugés, elle ne se trouve transportée dans le dernier degré d’ivresse que depuis qu’elle a détruit radicalement tous les obstacles que ces aiguillons éprouvaient à venir chatouiller son cœur. Mais, vous dit-on quelque fois, il y a des choses horribles, des choses qui choquent toutes les lumières du bon sens, toutes les loix apparentes de la nature, de la conscience et de l’honnêteté, des choses qui paraissent faites, non-seulement pour inspirer généralement de l’horreur, mais pour ne pouvoir même jamais procurer de plaisir… Oui, aux yeux