Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/193

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ent devenir dangereux ; on s’est réjoui, c’est tout ce qu’il faut. — Le peut-on aux dépends des autres ? — La chose du monde qui m’occupe le moins, c’est le sort des autres ; je n’ai pas la plus petite foi à ce lien de fraternité, dont les sots me parlent sans cesse, et c’est pour l’avoir bien analisé, que je le réfute. Oh ciel ! douteriez-vous de cette première loi de la nature ? — Écoute-moi, Juliette… il est inoui le besoin que tu as d’être formée… Nous en étions là de notre conversation, lorsqu’un laquais arrivant de la part de ma mère, vint apprendre à madame l’abbesse les affreux malheurs de notre maison, et la maladie dangereuse de mon père ; on demandait ma sœur et moi, il fallait partir sur-le-champ… Oh ciel ! dit madame Delbène, j’ai oublié de raccommoder ton pucelage ; attends, mon ange, attends, prends ce pot, c’est un extrait de myrthes, dont tu te froteras matin et soir, seulement, pendant neuf jours, tu peux être sûre que le dixième tu te retrouveras aussi vierge, que s’il ne te fut jamais rien arrivé ; puis, envoyant chercher ma sœur, elle nous remit, l’une et l’autre, à la per-