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de la même semaine, sur les frontières d’Asie, ou sur les côtes d’Afrique. Cette complette absurdité a ramené le philosophe aux principes suivans :

1°. Que toutes nos actions sont indifférentes en elles-mêmes ; qu’elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, et que si l’homme les qualifie quelquefois ainsi, c’est uniquement en raison des loix qu’il adopte, ou du gouvernement sous lequel il vit, mais, qu’à ne considérer que la nature, toutes nos actions sont parfaitement égales entr’elles.

2°. Que si nous ressentons au-dedans de nous-même un murmure involontaire qui lutte contre les mauvaises actions projetées par nous, cette voix n’est absolument l’effet, que de nos préjugés, ou de notre éducation, et qu’elle se trouverait bien différente, si nous étions nés dans un autre climat.

3°. Que si en changeant de pays, nous ne parvenions pas à perdre cette inspiration, cela ne prouverait rien pour sa bonté, mais que les premières impressions reçues, ne s’effacent que difficilement.

4°. Enfin, que le remords est la même chose, c’est-à-dire, le pur et simple effet des premières impressions reçues que l’habitude