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tées ; il leur est impossible de l’être par la vertu ; elles l’ont trop en horreur ; que ce soit donc par tes délicieux égaremens… Oh ! divins écarts de la vie ! Oui, oui que l’on m’y rende ; que de nouveaux délits s’offrent à moi, et l’on verra comme j’y volerai. Telles étaient mes réflexions, vous vouliez les savoir, je vous les trace ; en quels soins seraient-elles mieux confiées, que dans ceux de mes meilleurs amis.

J’étais au milieu du second jour de cette terrible détention, lorsque j’entendis ouvrir ma porte avec grand tapage… O Noirceuil, m’écriai-je, en reconnaissant mon amant, quel Dieu vous amène à moi ? Et comment après tous mes torts, pourrai-je encore vous intéresser ?

Juliette, me dit Noirceuil, dès qu’on nous eut laissé tête-à-tête : la manière dont nous vivons ensemble, ne me met nullement dans le cas d’avoir aucun reproche à vous faire ; vous étiez libre ; l’amour n’entrait pour rien dans nos arrangemens, il n’était question que de confiance. Quelqu’analogie qu’il y eut entre ma façon de penser et la vôtre, vous avez cru devoir me refuser cette confiance ; rien n’est encore plus simple ; mais,