Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/387

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ne permet à ces êtres-là que de ramper : l’esprit, les talens, la richesse et le crédit sortent de la classe des faibles, ceux que la nature y fit naître ; et du moment qu’ils entrent dans celle des forts, tous les droits de ceux-ci, la tyrannie, l’oppression, l’impunité et l’entier exercice de tous les crimes leur deviennent entièrement permis. Je veux que tu sois femme et esclave avec mes amis et moi, despote avec tous les autres… et de ce moment-ci, je te jure de t’en fournir les moyens. Juliette, il faut un petit dédommagement à tes trente-six heures de prison… Friponne, je te connais déjà douze mille livres de rente, tu m’avais caché tout cela ; n’importe, je l’ai su, je t’en fais dix demain, et le ministre m’a chargé de te remettre ce brevet-ci, c’est une pension de mille écus sur les hôpitaux ; les malades auront quelques bouillons de moins, et toi quelques pompons, de plus, tout cela revient au même ; te voilà donc à la tête de vingt-cinq mille livres de rentes, sans compter tes appointemens qui te seront toujours exactement payés. Eh bien ! mon cœur, tu vois que les suites du crime ne sont pas toujours malheureuses ; le projet d’une vertu, celui d’obliger Lubin, t’a