Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/72

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table cause des effets, il faut que nous admettions nécessairement la cause universelle. Peut-on faire un raisonnement plus imbécille, comme s’il ne valait pas mieux convenir de son ignorance, que d’admettre une absurdité ; ou comme si l’admission de cette absurdité devenait une preuve de sort existence ; l’aveu de notre faiblesse n’a nul inconvénient sans doute ; l’adoption du fantôme est rempli d’écueils, contre lesquels nous ne ferons que heurter si nous sommes sages, mais où nous nous briserons, si nos têtes s’exaltent ; et les chimères échauffent toujours.

Accordons, si l’on veut, un instant à nos antagonistes, l’existence du vampire qui fait leur félicité[1]. Je leur demande dans cette hypothèse, si la loi, la règle, la volonté par laquelle Dieu conduit les êtres, est de même nature que notre volonté et que notre force, si Dieu dans les mêmes circonstances

  1. Le vampire suçait le sang des cadavres, Dieu fait couler celui des hommes, tous deux à l’examen se trouvent chimériques : est-ce se tromper, que de prêter à l’un le nom de l’autre ?