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ne trouverons jamais la solution des problêmes que la nature nous présente.

Dans l’hypothèse même de la théologie, c’est-à-dire, en supposant un moteur tout-puissant, à la matière, de quel droit les théologiens refuseraient-ils à leur Dieu de donner à cette matière la faculté de penser. Lui serait-il plus difficile de créer des combinaisons de matière dont résultât la pensée, que des esprits qui pensent ? Au moins en supposant une matière qui pensât, nous aurions quelques notions du sujet de la pensée, ou de ce qui pense en nous ; tandis qu’en attribuant la pensée à un être immatériel, il nous est impossible de nous en faire la moindre idée.

On nous objecte que le matérialisme fait de l’homme une pure machine, ce que l’on juge très-déshonorant pour l’espèce humaine ; mais cette espèce humaine sera-t-elle bien plus honorée quand on dira que l’homme agit par les impulsions secrètes d’un esprit ou d’un certain je ne sais quoi, qui sert à ranimer sans qu’on sache comment.

Il est aisé de s’appercevoir que la supériorité que l’on donne à l’esprit sur la matière, ou à l’ame sur le corps, n’est fondée que