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adversaire, et par les mêmes principes de délicatesse, imagine d’émouvoir l’objet qui sert à sa jouissance par les moyens dont il est lui-même affecté ; il n’a pas plus de tort que l’autre, il n’a fait que ce que l’autre a fait ; les suites sont différentes, je vous l’accorde ; mais les premiers motifs sont les mêmes ; le premier n’a pas été plus cruel que le second, et aucun des deux n’a de torts ; tous deux ont employés sur l’objet de leur jouissance, les mêmes moyens dont ils se servent pour se procurer du plaisir.

Mais, répond à cela, l’être mu par une volupté brutale, cela ne me plaît pas, soit ; reste à savoir maintenant si je peux vous y contraindre ou non ; si je ne le peux, retirez-vous, et laissez-moi ; si, au contraire, mon argent, mon crédit, ou ma place me donnent, ou quelque autorité sur vous, ou quelque certitude de pouvoir anéantir vos plaintes, subissez, sans dire un mot, tout ce qu’il me plaît de vous imposer, parce qu’il faut que je jouisse, et que je ne puis jouir, qu’en vous tourmentant et qu’en voyant couler vos larmes ; mais dans aucun cas, ne vous étonnez point, ne me blâmez point, parce que je suis