Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/109

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point de passion plus égoïste, que celle de la luxure ; il n’en est point qui veuille être servi plus sévèrement ; il ne faut absolument s’occuper que de soi, quand on bande, et ne jamais considérer l’objet qui nous sert, que comme une espèce de victime, destinée à la fureur de cette passion ; toutes n’exigent-elles pas des victimes ? Eh bien ! l’objet passif, dans l’acte de la luxure, est celle de notre passion lubrique ; moins il est ménagé, mieux le but est rempli ; plus les douleurs de cet objet sont vives, plus son humiliation… sa dégradation est complète, et plus notre jouissance est entière ; ce ne sont pas des plaisirs qu’il faut faire goûter à cet objet, ce sont des impressions qu’il faut produire en lui ; et celle de la douleur étant beaucoup, plus vive que celle du plaisir, il est incontestable, qu’il vaut mieux que la commotion produite sur nos nerfs, par ce spectacle étranger, y parvienne par la douleur, plutôt que par le plaisir ; voilà ce qui explique la manie de cette foule de libertins, qui, comme nous, ne parviennent à l’érection, et à l’émission de la semence, qu’en commettant les actes de la cruauté la plus atroce… qu’en se gorgeant du sang des vic-