Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habite, en telle sorte que si le plus faible est puni, et que le plus affreux ne le soit pas, c’est pourtant le plus affreux qu’il faut lui laisser faire. Car encore une fois ce n’est pas du crime dont il faut le garantir, c’est du glaive qui frappe l’auteur du crime ; le crime n’a pas le moindre inconvénient, et la punition en a beaucoup ; il est parfaitement égal au bonheur d’un homme qu’il commette, ou ne commette point de crimes ; mais il est très-essentiel à ce même bonheur qu’il ne puisse être puni de ceux qu’il aura fait, de quelque genre, ou de quelqu’atrocité que soient ces crimes. Le premier devoir d’un instituteur serait donc de donner à l’élève dont il est chargé, les dispositions nécessaires à ce qu’il puisse se livrer à celui des deux maux qui est le moins dangereux, puisqu’il est malheureusement trop vrai qu’il faut qu’il incline vers l’un ou vers l’autre ; et l’expérience vous démontrera facilement que les vices qui pourront naître de l’endurcissement de l’ame, seront beaucoup moins dangereux que ceux produits par l’excès de la sensibilité, et cela par la grande raison que le sang froid que l’on met aux uns, donne les moyens de se garantir de la puni-