Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour toi : songes-tu que j’ai trente ans ; blasée sur les choses ordinaires, j’ai besoin de rafinemens si grossiers… d’épisodes si forts… Tant de préliminaires me sont utiles pour que je bande, tant d’idées monstrueuses, tant d’actions obscènes, pour que je décharge… Mes habitudes t’effrayeront ; mon délire te scandalisera ; mes besoins te fatigueront…… Puis ses beaux yeux se remplissant de flammes, et ses lèvres se couvrant de l’écume de la lubricité, as-tu des femmes ici, me dit-elle ? sont-elles lascives ?… jolies, cela m’est égal ; je ne m’échaufferai que, pour toi : mais je veux au moins que ces créatures soient bien coquines… bien impudiques, patientes, vigoureuses… qu’elles jurent étonnamment, et qu’elles n’arrivent à moi que toutes nues. Combien peux-tu me faire voir de semblables femmes ? Je n’en ai que quatre ici, répondis-je… pour mes besoins les plus pressans. — C’est bien peu : riche comme tu es, vingt femmes au moins devraient être à tes ordres, chaque jour, et toutes les semaines, il faudrait renouveler cela. Ah ! comme tu as besoin que je t’apprenne à dépenser l’argent dont on te couvre. Est-ce que tu es avare ? Il n’y aurait pas grand mal.