Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/167

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prétendit qu’il fallait que nous nous branlassions, sans leur permettre seulement un désir. Voilà, dit-elle, comme on s’accoutume au cinisme, et voilà où il faut que tu sois, pour être digne de notre société ; nous nous séparâmes enchantées l’une de l’autre, et nous promettant bien de nous voir le plutôt qu’il serait possible.

Noirceuil n’eut rien de plus pressé que de me demander des nouvelles de ma liaison avec madame de Clairwil. Mes éloges lui prouvèrent ma reconnaissance. Il voulut des détails ; je lui en donnai ; et comme Clairwil, il me blâma de n’avoir pas chez moi un beaucoup plus grand nombre de femmes. Dès le lendemain j’augmentai ce nombre de huit, ce qui me composa un sérail des douze plus belles créatures de Paris. On me les changeait tous les mois.

Je demandai à Noirceuil s’il allait dans la société de mon amie. Tant que les hommes, me répondit-il, y avaient la prépondérance, j’y étais d’une scrupuleuse exactitude ; j’y ai renoncé depuis que tout y est entre les mains d’un sexe dont je n’aime pas l’autorité, Saint-Fond a suivi mon exemple. N’importe, ajouta Noirceuil, si ces orgies t’amusent, tu peux les suivre