Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/176

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« Que vos domestiques s’emparent aussitôt de l’homme qui vous remettra ceci, me disait la lettre, qu’il soit enfermé dans les cachots que j’ai fait construire dans votre maison ; vous me répondez de ce personnage, sur votre vie ; sa femme et sa fille vont suivre ; vous les traiterez de même ; souvenez-vous d’exécuter mes ordres, avec la ponctualité la plus scrupuleuse ; mettez-y sur-tout toute la fausseté… toute la cruauté dont je sais que vous êtes capable. Adieu. »

Monsieur, dis-je aussitôt au porteur de la lettre, sans laisser lire sur mon visage la plus légère altération, vous êtes sans doute des amis de monseigneur ? — Il y a longtems, madame, qu’il comble de ses bontés, et ma famille et moi. — Je le vois à sa lettre, monsieur… permettez que j’aille donner à mes gens les ordres nécessaires à vous recevoir, comme il me paraît le desirer, et je sortis, après l’avoir invité à se reposer.

Les gens qui me servaient, bien plutôt des esclaves que des domestiques, se munissent aussitôt de cordes, et rentrent avec moi dans l’appartement. Menez monsieur, leur dis-je, dans la chambre que monseigneur lui destine ; et les gaillards se jetant