Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/182

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que, que vous devez cette bonne fortune, qu’à ma tête. J’ai le malheur d’en avoir une fort singulière ; vous êtes un meurtrier… un bourreau… fort joli d’ailleurs, bandant à merveille… Eh bien, je vous le dis… oui, votre profession, voilà ce qui m’a jetée dans vos bras ; méprisez-moi, détestez-moi, je m’en moque ; vous m’avez foutue, c’est tout ce que je voulais. Ange céleste, me répondit Delcour ! non, je ne vous mépriserai pas ; je vous haïrai encore moins ; vous n’êtes faite ni pour l’un ni pour l’autre de ces sentimens. Je vous adorerai, parce que vous méritez de l’être, et me plaindrai seulement de n’avoir dû votre délire qu’à ce qui me vaut l’avilissement des autres… Qu’importe, dis-je, tout cela tient à l’opinion ; vous voyez comme elle varie, puisque je vous préfère précisément à cause de ce qui vous écarte du reste des hommes ; ne prenez cependant ceci que pour une affaire de débauche. L’attachement que j’ai pour le ministre, la manière dont je vis avec lui, ne me permettent aucune intrigue, et je n’en contracterai certainement jamais. Nous tirerons de la soirée et de la nuit, tout le parti possible, et nous en resterons là. Ah ma-