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ment un des plus délicieux véhicules du libertinage ; mais il n’est pas vrai qu’il faille toujours avoir sa tête montée au libertinage pour comettre le meurtre ; la preuve en est fournie par l’extrême sang-froid avec lequel presque tous nos confrères y procèdent… par l’espèce de passion très-différente que celle du libertinage, qui agite ceux qui se livrent à cette même action, soit par ambition, soit par vengeance ou par avarice, ceux mêmes qui s’y livrent par le simple mouvement de la cruauté, sans qu’aucune autre passion les y contraigne, ce qui doit nécessairement établir, comme vous voyez, plusieurs classes de meurtres, parmi lesquelles le libertinage à la sienne, sans que cela nous empêche de conclure qu’aucune de ces sortes de meurtres n’outrage la nature ; et que de quelqu’espèce qu’ils soient, ils rentrent bien plutôt dans ses loix, qu’ils ne les violent. — Tout ce que vous dites est juste, Delcour ; mais je n’en soutiens pas moins qu’il serait à desirer, que pour l’intérêt même de ces meurtres, celui qui les commet, n’alluma sa fureur qu’au flambeau de la lubricité ; car cette passion ne laisse jamais de remords, ses souvenirs sont des jouis-