Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tituait ; car celle de Néron était incontestablement douée d’une faculté sensitive bien, supérieure à celle de Vespasien ; il est certain, dis-je, d’après cela, que Néron a dû être incontestablement plus heureux que Vespasien ; et cela par la raison certaine que ce qui affecte le plus vivement sera toujours ce qui rendra l’homme plus content ; et qu’un être vigoureux, construit par cela seul à recevoir mieux des impressions de vices, que des impressions de vertu, trouvera plutôt le bonheur qu’un individu doux et tranquille dont la faible complexion ne lui rendra possible que la stupide et monotone pratique des bonnes mœurs ; et quel mérite y aurait-il donc dans la vertu, si le vice ne lui était pas préférable ? Ainsi, Vespasien et Néron ont donc été aussi heureux qu’il pouvaient l’être ; mais Néron a dû l’être beaucoup plus, parce que ses jouissances ont été bien plus vives ; et Vespasien, en venant d’accorder une grace à un homme indigent, par la seule raison, disait-il, qu’il fallait bien que les pauvres vécussent, était remué d’une façon infiniment moins vive que Néron en voyant brûler Rome, une lire à la main, sur le haut de la tour Antonia. Mais, dira-