Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/207

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à supposer même que l’individu dans lequel vous étoufferiez ces semences de vertu, vous assura qu’il y trouve le bonheur, parfaitement certain de lui en faire trouver un beaucoup plus grand dans le vice, vous ne devriez jamais balancer à étouffer l’un pour éveiller l’autre ; c’est un service réel dont il vous remerciera tôt ou tard ; et voilà pourquoi, bien différent de mon prédécesseur, j’autorise tous les ouvrages libertins ou immoraux… je les crois très-essentiels au bonheur de l’homme, utiles aux progrès de la philosophie, indispensables à l’extinction des préjugés, et faits, sous tous les rapports, pour augmenter la somme des connaissances humaines ; j’étayerai les auteurs assez courageux pour ne pas craindre de dire la vérité ; je payerai, je couronnerai toujours leurs idées ; ce sont des hommes rares… essentiels à l’état, et dont on ne saurait trop encourager les travaux ; mais, dis-je, comment cela s’arrange-t-il, avec la sévérité dont vous voudriez que fût le gouvernement… avec cette inquisition que vous établiriez ? Le mieux du monde, répondit Saint-Fond, c’est pour contenir le peuple que je veux cette sévérité ; ce n’est que