Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/213

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espèce de différence entre l’homme esclave ou la bête, pourquoi punirait-on plutôt le meurtrier de l’un que celui de l’autre ?

Monseigneur, dis-je, ceci mérite, je crois, quelque légère explication. Je voudrais que vous me prouvassiez qu’il n’existe réellement aucune différence entre l’homme esclave et la bête.

Jette les yeux sur les ouvrages de la nature, me répondit ce philosophe, et considère toi-même l’extrême différence que sa main à mis à la formation des hommes nés dans la première classe, ou nés dans la seconde ; sois impartiale, et décide… Ont-ils la même voix, la même peau, les mêmes membres, la même marche, les mêmes goûts, j’ose dire, les mêmes besoins. Inutilement, me dira-t-on, que le luxe ou l’éducation ont établi ces différences, et que l’un et l’autre de ces individus, pris dans l’état de nature, se ressemble absolument dès l’enfance. Je nie le fait, et c’est pour l’avoir remarqué moi-même, pour l’avoir, fait observer par d’habiles anatomistes, que j’affirme qu’il n’est aucune similitude dans les différentes conformations de l’un et de l’autre de ces enfans. Abandonnez-les tous