Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/261

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Mais sa gorge et ses fesses portaient des emblèmes si récens des vexations que venait de lui faire éprouver Saint-Fond, qu’il était impossible de douter. Juliette, me dit-il, en paraissant fort échauffé de ce qu’il venait de faire, il est très-malheureux pour moi d’être si pressé que je le suis ; il faut que ces têtes soient dans le cabinet de la reine à cinq heures, et je ne peux pas me livrer aujourd’hui au desir que j’aurais de m’amuser de cette fille. Écoutez bien ce que je vais vous dire : Vous me la présenterez après-demain au souper des trois pucelles ; qu’elle soit jusqu’à cette époque enfermée dans le plus sombre et le plus sûr de vos cachots ; je vous défends de lui rien porter pour se nourrir, et vous ordonne de la faire enchaîner si fortement au mur, qu’elle ne puisse ni se remuer, ni s’asseoir. Ne lui faites aucune question sur ce qui vient de se passer ; j’ai des raisons, sans doute, pour que vous l’ignoriez, dès que je vous le cache ; je vous la payerai le double de ce que je vous donne pour les autres, adieu ; il s’élance à ces mots dans sa voiture avec Delcour et la boëte aux trois têtes, me laissant dans une agitation que je vous rendrais difficilement.