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pas. Ce dogme, on en conviendra, n’est donc arrivé au peuple que nous venons d’admettre, que par l’instigation de ses prêtres, ou par son imagination. Je vous demande, d’après cela, ce qu’il peut avoir de solide ?

Si quelqu’un imaginait que la croyance des châtimens éternels ait été transmise, par tradition, à des peuples qui ne la tenaient point de l’écriture, oh pourra demander d’où ceux qui, dans l’origine, ont répandu cette opinion, la tenaient eux-même ? et si l’on ne peut prouver qu’ils l’eussent reçue par une révélation divine, on sera obligé de convenir que cette opinion gigantesque n’a que le dérèglement de l’imagination, ou la fourberie pour base.

En supposant que l’écriture, prétendue sainte, annonce aux hommes des châtimens dans une vie future, et en admettant ce fait comme une vérité incontestable, ne pourrait-on pas demander comment les auteurs de l’écriture ont pu savoir qu’il existait de tels châtimens ; on ne manquera pas de répondre que c’est par inspiration ; voilà qui va à merveille : mais ceux qui n’ont point été favorisés de cette illumination