Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/321

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raisonner que de dire que la justice de ce Dieu demande l’éternelle punition des pécheurs et des incrédules ; l’action de punir avec une sévérité disproportionnée à la faute, ne tient-elle donc pas bien plutôt de la vengeance et de la cruauté que de la justice : ainsi, prétendre que Dieu punit de cette manière, c’est évidemment le blasphêmer. Comment ce Dieu que vous peignez si bon, pourra-t-il placer sa gloire à punir ainsi les faibles ouvrages de ses mains ; assurément, ceux qui prétendent que la gloire de Dieu l’exige, ne sentent pas toute l’énormité de cette doctrine. Ils parlent de la gloire de Dieu, et ne sauraient s’en faire une idée ; s’ils étaient capables de juger de la nature de cette gloire, s’ils pouvaient s’en former des notions raisonnables, ils sentiraient que si cet être existe, il ne pourrait établir sa gloire que dans sa bonté, sa sagesse et le pouvoir illimité de communiquer le bonheur aux hommes ; on ajoute, en second lieu, pour confirmer la doctrine odieuse de l’éternité des peines, qu’elle a été adoptée par un grand nombre d’hommes profonds et de savans théologiens ; premièrement je nie le fait ; la plus