Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/347

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l’on y endure sont les inquiétudes dont vous vous plaisez à accabler les mortels, qui se laissent guider par vous ; pénétrés de ces principes, renonçons donc pour jamais à une doctrine effrayante pour les hommes, injurieuse pour la divinité, et que rien, en un mot, ne peut raisonnablement prouver à l’esprit.

Différens argumens s’offrent encore, je me crois obligé de les combattre. 1°. La crainte, dit-on, que tout homme éprouve au-dedans de lui-même de quelque châtiment à venir, est une preuve indubitable de la réalité de ce châtiment. Mais cette crainte n’est point innée, elle ne vient que de l’éducation, elle n’est pas la même dans tous les pays, ni chez tous les hommes ; elle n’existe pas chez ceux dans qui les passions anéantissent tous les préjugés ; la conscience, en un mot, n’est jamais modifiée que par l’instruction, que par les passions et par l’habitude.

2°. Les payens ont admis le dogme de l’enfer… Non comme nous certainement ; et à supposer qu’ils l’ayent admis, puisque nous rejetons leur religion, ne devons-nous rejeter de même leurs dogmes ; mais,