Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/373

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veux bien prendre les cent mille écus de la comtesse, je veux bien foutre son fils ; mais pour sa sortie de la bastille, elle ne se fera jamais que dans un coffre. — Que veux-tu dire par cette expression ? — Elle est claire ; la comtesse ignore que si elle perdait son fils, quoique son parent de fort loin, je serais pourtant son seul héritier ; dans un mois la putain n’existera plus, et quand j’aurai bien foutu monsieur son cher fils cette nuit, nous lui ferons prendre une tasse de chocolat demain matin, qui detournera bientôt en ma faveur, l’héritage qu’il aurait pu faire. — Quelle complication de crimes ! — Tu vois qu’il y a de quoi me faire rentrer là bien mollement dans le sein des mollécules malfaisantes. — Oh ! vous êtes un homme étonnant, et la chose en vaut-elle au moins la peine. — Cinq cent mille livres de rente, Juliette, et je les gagne avec vingt sols d’arsenic. Allons, foutre ; tu vois, poursuivit-il, en me mettant à la main son vit très-dur et très-ferme, tu vois l’empire d’une idée criminelle sur mes sens, je n’aurais jamais raté de femme si j’avais été bien sûr de la tuer après.