Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, selon son usage, vous avait totalement oubliée.

La manière dont toutes mes passions se trouvaient flattées dans cette multitude d’événemens heureux, me tenait dans une espèce d’ivresse… d’enchantement d’où résultait une sorte de stupidité qui m’ôtait jusqu’à l’usage de la parole. Saint-Fond me sortit de cet engourdissement en m’attirant à lui… Dans combien de tems commencerons-nous, Juliette, me dit-il, en baisant ma bouche, et passant une main sur mon derrière, dans lequel il enfonça, sur-le-champ, un doigt : Monseigneur, lui dis-je ; il me faut bien au moins trois semaines pour préparer tous les différens services que votre grandeur exige de moi. — Je vous les accorde, Juliette, c’est aujourd’hui le premier du mois ; je soupe chez vous le vingt-deux. Monseigneur, poursuivis-je, en m’avouant vos goûts, vous m’avez donné quelques droits à vous confier les miens : vous m’avez reconnu ceux du meurtre, j’ai ceux du vol et de la vengeance ; je satisferai les premiers avec vous : le brevet que vous venez de me donner, m’assurant l’impunité du vol, fournissez-moi les moyens de la vengeance. Sui-