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voyé. Cette conduite déplut à Saint-Fond, qui d’ailleurs gagnait trois cents mille livres de rente à cette mort, et l’arrêt parricide fut bientôt prononcé ; Noirceuil vint m’expliquer ce dont il s’agissait ; et comme il remarqua que ce grand crime m’effarouchait un peu, voici par quel discours il tâcha d’en faire disparaître l’atrocité qu’y supposait imbécillement ma faiblesse.

Le mal que vous croyez faire en tuant un homme, et celui dont vous croyez l’aggraver, lorsqu’il s’agit d’un parricide. Voilà, me semble, ma chère, ce que je dois combattre à vos yeux ; je n’examinerai point la question sous le premier rapport ; vous êtes au-dessus des préjugés qui supposent du crime à la destruction de son semblable[1]. Cet homicide est simple pour vous, puisqu’il n’existe aucun lien entre votre existence et celle de la victime, il n’est compliqué que pour mon ami ; vous redoutez le parricide dont il veut se souiller, ce n’est donc que sous ce point de vue que je vais envisager l’action proposée.

  1. Ce systême d’ailleurs se trouve amplement développé plus loin.