Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/82

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dois assurément et sans aucun remords, aider à la nature qui l’oublie dans ce monde, et hâter, par toutes sortes de moyens, la jouissance des droits qu’elle me donne, et qu’elle ne retarde que par un caprice que je dois corriger en elle. Si l’intérêt est la mesure générale de toutes les actions de l’homme, il y a donc infiniment moins de mal à tuer son père, qu’un autre individu ; car les raisons personnelles que nous avons pour nous défaire de celui qui nous a donné le jour, doivent être toujours plus puissantes, que celle que nous avons de nous défaire d’un autre personnage ; il existe ici une autre considération métaphysique que nous ne devons pas perdre de vue ; la vieillesse est la route de la mort ; la nature, en vieillissant un homme, l’approche de son tombeau ; celui qui tue un vieillard, ne fait donc qu’accomplir les loix de la nature ; il ne fait que remplir ses intentions ; voilà ce qui fit chez beaucoup de peuples, une vertu du meurtre des vieillards. Inutiles à la terre qu’ils chargent de leur poids, consumant une nourriture qui manque au plus jeune, ou que celui-ci est obligé de payer plus cher, à cause du trop grand nombre des consommateurs, il est démontré que leur existence est inutile,