Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/86

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pirera son père. — Tu les auras, Juliette, sois tranquille, c’est moi qui t’en réponds. Oh ! Juliette, que ta position est heureuse ! Ménages-la, jouis, et tu vas, si tu sais te conduire, devenir avant qu’il soit peu, la femme la plus riche de l’Europe ; quel ami je t’ai donné-là ! — Déjà dans tes principes, je ne t’en remercie pas, Noirceuil ; cette liaison t’a fait plaisir, tu y gagnes toi-même, il devient flatteur pour toi d’être l’ami d’une femme dont le luxe et le crédit effacent déjà celui des princesses de la cour… Je rougirais d’aller à l’opéra comme y parût hier la princesse de Nemours, aussi, n’eût-elle pas un regard, pendant que tous les yeux étaient sur moi. — Et, jouis-tu de tout cela, Juliette ? — Infiniment, mon cher ; d’abord, je roule sur l’or, ce qui est pour moi la première des jouissances. — Mais fous-tu ? — Beaucoup, il est bien peu de nuits, où ce que Paris a de mieux dans les deux sexes, ne vienne m’offrir son hommage. — Et tes crimes favoris ? — Ils vont leur train, je vole tout ce que je peux… jusqu’à un écu, comme si je mourais de faim. — Et la vengeance ? — J’y donne le plus grand essort ; la juste punition du prince de… qui fait la nouvelle