Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/98

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et je te réponds que c’est ce qu’il te faut. — Ah ! Noirceuil, vous êtes charmant ; mais, mon ami, ce n’est pas encore tout, je voudrais rendre les conseils que je vais recevoir, j’éprouve aussi vivement le besoin d’être instruite, que celui de faire une éducation, et je desire une élève avec autant d’ardeur qu’une institutrice. Eh ! mais…… ma femme, dit Noirceuil. Quoi, répondis-je avec enthousiasme, vous me confieriez l’éducation d’Alexandrine ? — Pourrait-elle être en meilleures mains ? Assurément je te la confierai ; Saint-Fond desire qu’elle fasse de toi sa plus intime société. — Et pourquoi ce mariage se retarde-t-il. — Mon deuil encore trop récent, une basse soumission à d’indignes préjugés que j’adopte à cause de l’usage, et que je méprise au fond de mon cœur. — Encore un mot, mon ami, n’ai-je rien à craindre, auprès du ministre, de la rivalité de la femme dont vous m’offrez la société. — Pas la moindre chose, Saint-Fond la connaît avant toi, il s’en amuse ; mais madame de Clairwil ne remplirait point tes fonctions, et il ne trouverait pas, je le sais, le même plaisir à les lui faire exécuter. Ah ! m’écriai-je, vous êtes tous les deux divins,