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amours, représentés par de jolis bardaches, formaient une coupole ; et la salle n’était éclairée que par les flambeaux tenus par ces petits Dieux. Un ressort faisait varier les services ; au moment qu’il partait, le bourlet des couverts restait devant les convives, le rond du milieu s’enfonçait et revenait, seulement chargé de six petites gondoles d’or, contenant les mets les plus exquis et les plus délicats : six jeunes garçons nuds, vêtus comme Ganimède, faisaient le service de l’intérieur, et versaient aux convives les vins les plus exquis. Nos libertins, qui nous avaient fait r’habiller pour l’instant du repas, exigèrent que la nouvelle nudité, où ils voulaient nous mettre, ne vint, comme chez les courtisannes de Babylonne, que par gradation. Au premier service, on enleva un fichu : on dégarnit le buste au second ; ainsi de suite, jusqu’au fruit, où nos vêtemens tombèrent en entier ; alors le libertinage et l’abrutissement augmentèrent. Le dessert fut servi dans quinze petites barques de porcelaine verte et or. Douze petites filles de six à sept ans, moitié nues, et seulement ornées de guirlandes, de myrthes et de roses, parurent pour faire