Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/103

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tacle, ils descendèrent au salon, ou pendant que les femmes dînaient ils jasèrent entre eux jusqu’au moment où on les servit. Les quatre amis se placèrent65) chacun entre deux fouteurs suivant la règle qu’ils s’étaient imposée de n’admettre jamais de femmes à leur table, et les quatre épouses nues, aidées des vieilles vêtues en sœurs grises, servirent le plus magnifique repas et le plus succulent qu’il fut possible de faire, rien de plus délicat et de plus habile que les cuisinières qu’ils avaient emmenées, et elles étaient si bien payées et si bien fournies que tout ne pouvait aller qu’à merveille, ce repas devant être moins fort que le souper, on se contenta de quatre services superbes, chacun composé de douze plats, le vin de Bourgogne parut avec les hors d’œuvres, on servait le Bordeaux aux entrées, le Champagne au rôti, l’Hermitage à l’entremets, le Tokaye et le Madère au dessert. Par espèce les têtes s’échauffèrent, les fouteurs auxquels on avait en ce moment-là accordé tous droits sur les épouses, les maltraitèrent un peu, Constance fut même un peu poussée, un peu battue pour n’avoir pas apporté sur-le-champ une assiette à Hercule, lequel se voyant très avant dans la bonne grâce du duc crut pouvoir pousser l’insolence au point de battre et molester sa femme, dont celui-ci ne fit que rire. Curval très gris au dessert, jeta une assiette au visage de sa femme qui lui aurait fendu la tête, si celle-ci ne l’ait esquichée, Durcet voyant un de ses voisins bander, ne fit pas d’autre cérémonie, quoique à table, que de déboutonner ses culottes et de présenter son cul. Le voisin l’enfila, et l’opération faite, on se réunit à boire comme si de rien n’était, le duc imita bientôt avec Bande-au-ciel la petite infamie de