Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/106

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filles du bon ton de Paris s’assirent au bas du trône sur un canapé placé-là à dessein, et Md. Duclos narratrice du mois en déshabillé très léger et très élégant, beaucoup de rouge et de diamants s’était placée sur son estrade, commença ainsi l’histoire des événements de sa vie dans laquelle elle devait faire entrer le détail des 150 premières passions désignées sous le nom de passions simples.

„Ce n’est pas une petite affaire, messieurs, que de s’annoncer devant un cercle comme le vôtre, accoutumé à tout ce que les lettres produisent de plus fin et de plus délicat, comment pourrez-vous supporter le récit interne et grossier d’une malheureuse créature comme moi, qui n’ai jamais reçu d’autre éducation que celle que le libertinage m’a donnée, mais votre indulgence me rassure, vous n’exigez que de naturel et de la vérité et à ce titre, sans doute, j’oserai prétendre à vos éloges. Ma mère avait 25 ans, quand elle me mit au monde, et j’étais son second enfant, le premier était une fille plus âgée que moi de 6 ans ; sa naissance n’était pas illustre, elle était orpheline de père et de mère, elle l’avait été fort jeune, et comme ses parents demeuraient auprès des récollets de Paris, quand elle se vit abandonnée et sans aucune ressource, elle obtint de ces bons pères la permission de venir demander l’aumône dans leur église, mais comme elle avait un peu de jeunesse et de fraîcheur, elle leur donna dans la vue, et petit à petit de l’église elle monta dans les chambres, dont elle descendit bientôt grosse ; c’était à de pareilles aventures que ma sœur devait le jour, et il est plus que vraisemblable, que ma naissance n’avait pas d’autre origine. Cependant les bons pères, contents