Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/123

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où l’on changea de salon, ayant eu la précaution de sortir quelques minutes avant ; les convives devaient être au nombre de 20, les 4 amis, les 8 fouteurs et les 8 petits garçons, mais l’évêque toujours furieux contre Narcisse ne voulut pas permettre qu’il fut de la fête, et comme on était convenu d’avoir entre soi des complaisances mutuelles et réciproques, personne ne s’avisa de demander la révocation de l’arrêt, et le petit bon homme fut enfermé seul dans un petit cabinet obscur, en attendant l’instant des orgies, où monseigneur peut-être se raccommoderait avec lui. Les épouses et les historiennes furent promptement souper à leur particulier, afin d’être prêtes pour les orgies, les vieilles dirigèrent le service des 8 petites filles et l’on se mit à table ; ce repas beaucoup plus fort que le dîner fut servi avec beaucoup plus de magnificence, d’éclat et de splendeur ; il y eut d’abord un service de potage au jus de bisque et d’hors d’œuvre composé de 20 plats ; vingt entrées les remplacèrent et furent bientôt relevées elles-mêmes par 20 autres entrées fines uniquement composées de blanc de volaille, de gibier déguisées sous toutes sortes de formes. On les releva par un service de rôti où parut tout ce qu’on peut imaginer de plus rare, ensuite arriva un relève de pâtisserie froide, qui céda bientôt de place à 26 entremets de toutes figures et de toutes formes, on desservait et on remplaçait ce qui venait d’être enlevé par une garniture complète de pâtisseries sucrées froides et chaudes, enfin parut le dessert qui offrait un nombre prodigieux de fruits malgré la saison, puis la glace, le chocolat et les liqueurs, qui se prirent à table. À l’égard des vins ils avaient varié à chaque service ;