Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/135

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putains de prêtres, nous ne l’avons que trop été.“ Le Gardien renouvela ses instances, il y mettait enfin une action qui prouvait bien à quel point il désirait à faire réussir la chose : voyant enfin, qu’il ne pouvait réussir, il se jeta presque à fureur sur ma sœur ; „eh bien, [6]petite putain,“ lui dit-il, „satisfais-moi donc au moins encore une fois, avant que je ne te quitte,“ et déboutonnant ses culottes, il se mit à cheval sur elle, qui ne s’y opposa point persuadée qu’en le laissant satisfaire ses passions elle s’en débarassait plutôt, et le paillard, la fixant sous lui de ses genoux, vint secouer un engin dur et assez gros, à quatre lignes de la superficie du visage de ma sœur : „Le beau visage,“ s’écriait-il, „la jolie petite figure de putain, comme je vais l’inonder de foutre ! ah, sacre Dieu !“ et dans l’instant les écluses s’ouvrirent, le sperme éjacula et toute la physionomie de ma sœur et principalement le nez et la bouche, se trouvèrent couverts des preuves du libertinage de notre homme, dont la passion peut-être ne se fut pas satisfaite à si bon marché si son projet avait réussi, le religieux plus calme ne songea plus qu’à s’échapper, et après nous avoir jeté un écu sur la table et rallumé sa lanterne : „Vous êtes de petites imbéciles, vous êtes de petites gueuses,“ nous dit-il, „vous manquez votre fortune ; puisse le ciel vous en punir en vous faisant tomber dans la misère, et puisse-je avoir le plaisir de vous y voir pour ma vengeance, voilà mon dernier vœu !“ Ma sœur qui s’essuyait le visage, lui rendait bientôt toutes ses sottises et notre porte se refermait pour ne plus s’ouvrir qu’au jour. Nous passâmes au moins le reste de la nuit tranquilles. „Ce que tu as vu,“ me dit ma sœur, „est une de ses