Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/217

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et remettre en pestant et jurant contre les jeunes filles à quelques moments plus heureux, des plaisirs que la nature lui réfusait pour lors. Tout le monde n’était pas aussi malheureux ; le duc, qui avait passé dans son cabinet avec Colombe, Zélamir, Brise-cul et Thérèse, fit entendre des hurlements qui prouvaient son bonheur et Colombe crachotant de toute sa force en sortant, ne laissa plus de doute sur le temple, qu’il avait encensé. Pour l’évêque tout naturellement couché sur son canapé, les fesses d’Adélaïde sur son nez et le vit dans sa bouche, il se pâmait en faisant péter la jeune femme, tandis que Curval debout faisant emboucher son énorme trompette à Hébé perdait son foutre en s’égarant d’ailleurs. — On servit ; le duc voulut soutenir au soupé, que, si le bonheur consistait dans l’entière satisfaction de tous les plaisirs des sens, il était difficile d’être plus heureux qu’ils étaient. — „Ce propos n’est pas d’un libertin,“ dit Durcet, „et comment est-il, que vous puissiez être heureux, dites que vous pouvez vous satisfaire à tout instant. Ce n’est pas dans la jouissance que consiste le bonheur, c’est dans le désir, c’est à briser les freins qu’on oppose à ces désirs, or tout cela se trouve-t-il ici, où je n’ai que souhaiter pour avoir, je fais serment,“ dit-il, „que depuis que je suis, mon foutre n’a pas coulé une seule fois pour les objets qui y sont, il ne s’est jamais répandu que pour ceux qui n’y sont pas, et puis d’ailleurs,“ ajouta le financier, „il manque selon moi une chose essentielle à notre bonheur : — C’est le plaisir de la comparaison, plaisir qui ne peut naître que du spectacle du malheureux, et nous n’en voyons point ici, c’est de la vue de celui qui ne jouit pas de ce que